Larche – Refuge de Vens – Refuge de Rabuons – Isola
Difficile de repartir ce matin, la fin approche et j’ai du mal à garder la même concentration. Comme pour chacune de mes expéditions, je suis partagée entre la joie d’approcher mon but et l’angoisse de mettre un terme à cet épisode d’une vie nomade pleine de découvertes et d’émerveillement quelles que soient les difficultés techniques, physiques et psychologiques.
Alors la première heure, je me traîne le long d’un vallon encaissé, plat et peu excitant. Puis, le soleil aidant, mon corps engourdi retrouve un certain bien-être dans l’effort que je lui impose, mon souffle rythme chacun de mes pas et je parviens une fois de plus à admirer et à m’imprégner de cette nature que j’aime tant.
Un premier col, puis un second, une longue arête que je remonte à pieds les skis dans le dos, encore un troisième col et 7 heures plus tard nous atteignons le refuge de Vens. Il n’est pas gardé mais un réchaud à bois nous permet de préparer un frugal dîner. La bâtisse, humide et pas très propre ne m’inspire que peu et j’ai hâte d’en repartir. Pour m’échapper, je relis le « Lion » de Kessel et c’est avec bonheur que je me retrouve en Afrique pour une histoire d’amour qui m’émeut profondément.
Il fait grand beau pour notre départ au petit matin en direction du refuge de Rabuons. A nouveau des cols, des vallons et des kilomètres… Sommet du Ténibre puis un raide couloir à 40° nous mène rapidement au refuge après une belle descente en neige de printemps.
Le confort finit par manquer un peu...
Le refuge nettement mieux tenu que le précédent est perché sur une colline rocheuse entourée de lacs et de pâturages que je devine sous la neige qui commence à fondre. Un carton plein de pruneaux secs va compléter notre ration. Il ne manque que la bière ! Je commence à sentir le besoin d’une bonne douche. La proximité avec la civilisation ne me permet pas facilement d’accepter l’austérité d’une expédition comme en Antarctique où j’avais du rapidement oublier les plaisirs inaccessibles comme celui de me laver par exemple.
Demain, nous atteindrons Isola, station la plus au sud et je pourrai satisfaire mes envies avant de repartir à nouveau en direction de la mer…
A très bientôt. Laurence
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